Inspirée par les espaces infinis du creux de la Baie du Mont Saint-Michel, entre Cancale et Granville où je vis désormais, côté Bretagne !

Ces immenses étendues me rappellent les plages du Nord : Oostende (en néerlandais), Bray-Dunes…

Là… je suis une peintre heureuse qui s’accorde le privilège de la lumière.

Sans cesse des images me sont offertes.

« Ici » je ne suis pas dans l’irrésistible besoin d’un ailleurs.

Mon atelier est mon Agence de Voyages.

Je scrute chaque variation pour capturer le passage du temps… le sable, la mer, la ligne d’horizon et leurs couleurs ponctuées de soleil, de pluie, de vent, d’orage ou d’arc-en-ciel.

Ce sont des promesses à perte de vue et à perte de vie.

L’ampleur de la tâche est parfois vertigineuse…

J’entrevois un moment de vie, un trait de caractère, la marque d’un doute ou d’un trouble et souvent la volonté de créer encore et encore…

Une forme naît de la matière, elle se dessine, elle se révèle. Rien n’est stable tout est lointain et pourtant tout se pose.

Tout vient d’une profondeur, d’une épaisseur qui s’ouvre.

Peindre exige tant de maîtrise de soi… je cherche à établir l’équilibre. Je tente d’évoquer le mouvement, je circule à travers la délicatesse des mots qui éveillent mon imaginaire, je me promène, je m’arrête, je reviens en arrière, je respire, je danse… et je rencontre ce merveilleux moment du silence où la main sait exactement où se placer pour y fonder le point final.

Dans les pigments je trouve la gourmandise de la liberté et l’inaltérable curiosité d’aller plus haut, plus loin…

A.G

la peinture et son cheminement...

Il y a l’attirance, inexpliquée et incontrôlable.

La ruée vers l’Art : Nicolas de Staël, Viera Da Silva, Geneviève Asse, Olivier Debré, Zao Wou-ki,

Hans Hartung, Anna-Eva Bergman….

Débute ensuite une longue marche…

Entre le beau, le vrai, le pur et le sincère, entre le pertinent et l’enthousiaste, les toiles explosent de générosité.

Se dévoile alors, impatient, le désir de la « Belle Peinture » celle qui me touche et m’enveloppe, celle qui m’invite à pénétrer et à regarder toutes ses formes.

S’engage ainsi le jeu impudique des sens en cavale : de l’odeur des pigments à la main sur la toile, passent les émotions, petits bonheurs et grands moments.

Aujourd’hui c’est à mon tour de me battre quand la toile me refuse !

C’est à moi d’y revenir mille fois s’il le faut jusqu’à l’entente apaisée.

Jusqu’au moment où je pourrais enfin ne plus penser à elle !

Jusqu’à la pause délicieuse dans le contentement… jusqu’à la prochaine petite folie !

Il suffira pour cela que je m’arrête chez le marchand de couleurs et que mes mains plongent frénétiquement dans les tiroirs ouverts, estimant à l’envi la multiplication vertigineuse des combinaisons à venir.

Quand je crée, du bout des doigts, une nuance nouvelle, quand mes mains réunies modèlent les matières dociles, je sens dans cette alchimie merveilleuse se rassembler toutes les parties de mon être.

Dans ces moments un peu magiques, j’ai le sentiment voluptueux d’accéder à une lueur de l’inexplicable…

A vous qui passez devant ma toile…

Je souhaite du fond de mon cœur qu’elle vous accompagne au-delà de cet instant fugace, qu’elle vous raconte cette histoire dont vous êtes le seul à connaître l’intrigue, qu’elle vous donne l’espoir du chercheur et murmure à vos yeux la chanson invisible qui s’y cache.

A. G